Désintox
Ceux qui suivent ce blog depuis un certain temps auront compris que le plus gros choc culturel que nous ayons ressenti en arrivant en Australie réside dans le manque d’esthétisme et particulièrement en ce qui concerne les tendances modesques. Les premiers mois années ont été une vraie cure de désintoxication contre la compulsion à l’achat, je pleurais mon Monop à chaudes larmes et implorait H&M et Zara de faire une bonne œuvre et de venir s’installer pour sauver le pays de son néant de bon gout. Pendant longtemps personne ne m’a entendue et seul mon portefeuille me remerciait.
Il a fallu l’ouverture tant attendue de Zara il y a environ 6 mois pour que je réalise que j’étais enfin soignée. Contre toute attente je ne me suis même pas précipitée sous le rideau de fer le premier jour de l’ouverture après avoir attendu 30 heures dans une queue sans fin. Non, j’ai même attendu un bon mois avant d’aller jeter un coup d’œil et tout cela pour finalement ressortir… bredouille. Fière !
Mais un deuxième test m’attendait : le retour en France… beaucoup plus compliqué le retour en France… Si cette année j’ai réussi à attendre le deuxième jour pour me précipiter dans les magasins j’ai tout juste complètement flanché face à la tentation. Pour qui n’a pas vu de jolies choses pendant longtemps, la France c’est la caverne d’Alibaba. Les magasins regorgent de trucs trop jolis à prix défiant toute concurrence, impossible de résister. Et c’est comme ça qu’on se retrouve à négocier un énorme surplus de bagages pour ne pas avoir su ignorer le pot de moutarde groseille pistache, une ceinture jaune fluo ou de enièmes couteaux à viande, entre autres petits hauts et robettes.
Alors me vient une réflexion (attention : point de vue caricatural basé sur aucune étude socioéconomique, n’ayant pour but que de me rassurer les bienfaits de la non-société de consommation Australienne) : et si le vrai problème de la France c’était son niveau de tentations... Ben oui, les salaires ne bougent pas mais l’offre devient de plus en plus irrésistible, alors les gens consomment de plus en plus donc forcément ils ont l’impression que leur pouvoir d’achat ne progresse pas ! Au moins en Australie il y a rien, donc les gens ne sont pas tentés. Non pas qu’il n’y ait pas de magasins, mais rangés dans la catégorie « musée des horreurs à prix exorbitants » ils sont désertés.
Alors tout le budget des Australiens qui ne passe pas dans la dernière bougie fluo tendance ou la paire de pompe vue chez Garance Dorée que « si je ne l’ai pas je vais passer pour la pire des ringardes », passe dans l’achat de leur résidence principale (hors de prix hein, vraiment hors de prix) et dans l’aménagement de celle-ci. Leurs tenues sans gout ni grâce sont quant à elles dégotées dans les nombreux vides garages ou les boutiques de fripes et ils s’en accommodent très très bien.
Alors voilà, après cette prise de conscience de haute voltige, je n’ai pas perdu espoir de soigner encore un peu plus ma soumission à la tentation. Peut être que la prochaine fois j’arriverai à attendre le troisième jour avant de me ruer chez Alibaba…